Berlusconi avec talent nous avait habitué à ses coups à surprise. Il a désormais trouvé quelqu’un plus fort que lui: Mario Monti. Certes, on peut objecter à ce dernier, certains choix injustes concernant la manœuvre financière mise en place depuis un an pour sortir l’Italie du pétrin, mais il n’y pas de doute que le « Professore », continue dans sa vision cohérente d’une politique sans théâtre et surtout sans faciles promesses sistematiquement non maintenues. Et alors, lorsque le secrétaire du PdL (Popolo della Libertà), Angelino Alfano sous la direction de Berlusconi, déclare que l’aventure du gouvernement des techniciens est finie, Monti décide immédiatement d’en tirer les conséquences en annonçant ses démissions. Berlusconi aurait bien aimé lancer une campagne destructrice de l’action de l’actuel gouvernement jusqu’aux prochaines élections prévues à la fin de la législature en avril. Il aurait eut entre autre chose le temps d’organiser sa campagne electorale et faire passer Mario Monti comem celui qui a mis les mains dans les poches des Italiens. Mais Monti a joué d’avance en décidant de ne pas lui concéder un seul jour de démagogie de plus et éviter ainsi de se laisser trainer dans la boue.
Le “pacte Abc”, comme il a été appelé à partir des initiales de trois leaders des plus importants partis politiques, Alfano-Bersani-Casini, a été rompu : chacun a donc les mains libres pour se positionner comme il le désire sur l’échiquier des élections. Monti pourra se positionner cetet fois-ci en homme politique désormais et non plus en tant que technicien. Il a déjà encaissé lale soutien de Napolitano et l’applaudissement d’une grande partie du monde politique. Maintenant les élections semblent êtres annoncez pour février, peut-être le 17-18, ou le 23 -24, tandis que d’ici Noël seront approuvées, comme promis par tous, les lois de stabilité et de bilan.
Le reste tombera dans les oubliettes, compris les mesures pour la réduction des provinces et la promulgation d’une nouvelle loi électorale, évidemment, avec grand soulagement de la part de ceux qui considère la politique comme l’endroit privilégié pour faire ses propres intérêts (individuels ou de partis). Ce seront encore les secrétaires des partis à établir la liste des candidats qui vont ou pas s’assoir au Parlement. Une fois de plus les Italiens ne chosiront pas leurs élus. Nombreux sont ceux qui jubilent.
Trois remarques à chaud, me semblent pouvoir résumer la situation; ou, mieux, tracer un chemin souhaitable vers les élections:
1°) le geste de démissionner de la part de Monti, bien médité aussi dans le choix des temps pour ne pas irriter les marchés et ne pas empoisonner le climat politique, ce n’est pas seulement un acte de dignité personnelle du premier ministre, mais il s’agit d’une décision que redonne dignité à la politique vue comme recherche du bien commun;
2°) l’humilité de la décision de Monti est, à bien voir, le résultat naturel d’une attitude plus générale d’humilité politique: la démocratie doit nous pousser à regarder au bien commun, et donc au vouloir du peuple. Il faut espérer que cette attitude soie vraiment partagée par tous ceux qui descendront dans l’arène des prochaines élections politiques. Surtout à la lumière  de cette année d’un gouvernement d’urgence, que malgré les critiques et les incohérences, a su redonner signification aux mots et aux chiffres qui sortent de la bouche des gouvernants;

3°) La cohérence est invoquée plus ou moins par tous les actuels leaders politiques. Très bien. Mais qu’ils sachent que le temps de la démagogie est fini; ou, mieux, les annonces démagogiques même si par malheur portaient à un succès électoral, ils se buteront face à l’opposition de la communauté internationale, économique et politique, causant probablement le naufrage du “Bateau Italie.” Qui en assume la responsabilité ? Est-ce que le PD (gauche) s’alliera avec l’Udc (centriste) ? Qu’est ce qu’il fera le Grand Centre? Est-ce que Berlusconi réussira à récupérer le retard ? Et Beppe Grillo, le Coluche italien, vaut-il le 10 ou le 20 pour cent ? Nous le verrons bientôt. En attendant, nous espérons dans la dignité, dans l’humilité et dans la cohérence des joueurs sur le terrain. Mais cela c’est un autre problème

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.