Trois regards transalpins sur l’après-Charlie. Trois regards différents. Celui du politique, celui du religieux et celui de l’intellectuel.

Deux représentants de pays non francophones se sont exprimés dans la langue de Voltaire pour soutenir la France après les attentats terroristes : John Kerry pour les Etats-Unis et Matteo Renzi pour l’Italie.

Comme le souligne Pascal Ridet du Monde sur son blog, « rien n’obligeait le Président du Conseil à se rendre mercredi 7 janvier à l’Ambassade de France ». L’ancien maire de Florence a également participé à la marche parisienne du 11 janvier dernier. « Lorsqu’il y a un attentat contre Paris, c’est un attentat contre la liberté, contre l’idée d’Europe donc contre tous les peuples » avait-il déclaré auparavant. Mais celui qui vient de laisser la présidence tournante de l’UE a aussi insisté sur une Europe qui ne doit pas être qu’économique mais aussi politique et plus solidaire.

« Le coup de poing » de François

Voilà pour le terrain « diplomatique ». Ce qui l’est beaucoup moins en revanche, c’est la sortie du Pape François dans l’avion qui le conduisait à Manille. Sur le site internet d’Ansa, la principale agence de presse italienne, on peut y voir en vidéo la déclaration du Saint-Père.

«  Si M. Gasbarri (responsable des voyages pontificaux, assis à côté du Pape pendant l’interview), qui est un grand ami, dit un gros mot sur ma mère, il doit s’attendre à recevoir un coup de poing! C’est normal… On ne peut pas provoquer, on ne peut pas insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi! ».

Toujours sur le web (Yahoo Actualité) le journaliste Olivier Ravanello, aussi spécialiste de l’actualité internationale sur I-Télé, analyse cette sortie de la manière suivante : « Même si ti do un pugno est une phrase de cour d’école, de gamins qui jouent aux hommes. Y voir une légitimation de la violence n’est pas sérieux. Mais l’idée est là. Les caricatures dans Charlie ? Le pape n’aime pas ça lui non plus, pas plus que des millions de chrétiens que Charlie Hebdo a copieusement caricaturés, provoqués, moqués au cours des décennies passées. »

Saviano prévient

Lui aussi aime déranger. Mais plus qu’une provocation, c’est un cri du cœur qu’il pousse dans les colonnes du journal français Libération. Roberto Saviano, auteur de Gomorra et au-delà, symbole fort de la liberté d’expression, est sous protection policière depuis des années pour avoir défié la mafia.

« Ecrire peut être dangereux mais quand celui qui écrit en tire profit, on estime qu’il mérite moins d’être protégé et qu’au fond il ne fait tout ça que dans son propre intérêt » dénonce-t-il. Et le journaliste-écrivain de prévenir : « Si la mobilisation des personnes et des consciences qui secoue aujourd’hui le monde occidental devait s’éteindre rapidement, après quelques jours d’indignation et une ou deux minutes de recueillement, alors oui on pourra dire : rendez-vous au prochain attentat »

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Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.