Ou, en français, « Journée de la famille ». C’est le nom donné au rassemblement du 30 janvier dernier à Rome, voulu par la CEI (la Conférence Episcopale Italienne) et par quelques mouvements proches de l’Église catholique contre la proposition de loi sur les unions civiles, en discussion ces jours-ci à l’Assemblée italienne. Des droits qui sont désormais des lois partout sauf en Italie et dans quelques rares pays.

Le Circo Massimo, où avait lieu le rassemblement, était envahi de laïcs, de sœurs, de prêtres et de frères célibataires, très experts et surtout critiques à l’encontre des familles des autres, et trop indulgents envers les familles traditionnelles catholiques, celles, pour être clair, qui se marient à l’Église et engendrent moult enfants ; et qui ne sont pas toujours les berceaux de l’égalité homme/femme.

Jusqu’ici, direz-vous, rien de nouveau sous le soleil. Ce qui, en revanche, m’a semblé indécent et inopportun, c’est le défilé de tous ces politiques opportunistes. Ceux dont le maître-mot est : « là où il y a une place à prendre se trouve ma conscience… pour le bien du peuple italien, bien entendu ! » Et peu importe si certains en sont à leurs secondes ou troisièmes noces, avec maîtresse comprise et un passé pas tout à fait exemplaire moralement.

La vérité, c’est que ceux qui se sont rassemblés au Circo Massimo et les évêques qui ont soutenu cette journée n’avaient en réalité à peu près rien à faire de la loi sur les unions civiles. Leur véritable cible est la vision du pape Bergoglio qu’aucun d’entre eux ne conteste à voix haute, mais que tous condamnent durement dans les faits parce qu’elle ouvre des brèches qui font douter et vaciller un catholicisme de la peur, enfermé dans la certitude d’une tradition incomprise dont ils ne connaissent ni l’histoire ni la trame.

Si un couple catholique croit véritablement en sa famille, il ne peut pas avoir peur des familles des autres uniquement parce qu’elle sont « différentes ». Où est-il écrit que les devoirs que réclament, par ailleurs à juste titre, les catholiques, doivent limiter les droits de ceux qui pensent différemment ? Étrange message évangélique que le leur. Une Église en noir et blanc qui ne s’est jamais vraiment ouverte au monde en couleurs.

Pour ma part, je préfère me placer du côté des enfants, des droits des personnes hétéro et homosexuelles, peu importe le contenant dans lequel évolue leur amour, et surtout du côté d’une Église qui se veut ferment et non opposition, proposition et non instrument pour laïcs à la recherche d’une carrière politique.

Seuls l’amour et le respect ne sont pas négociables au sein d’une famille. Et la seule préoccupation, la seule responsabilité du législateur doit être de les préserver. C’est l’histoire laïque de tous les pays, et l’Église doit s’en faire une raison.

Et puis, on ne peut pas oublier que la liberté de l’homme est le seul antidote entre barbarie et début d’un possible bonheur. Bien loin de l’obscurantisme machiste dont fait preuve une partie de l’Église ces jours-ci et qui est le contraire de la miséricorde que devrait lui inspirer cette année jubilaire.

C’est pour cela que, si vous me le permettez, je voudrais m’adresser au sexe fort, qui, tout bien considéré, est aux commandes de ce Family Day. Et je voudrais le faire avec une pointe d’ironie qui, je l’espère, stimulera l’humilité nécessaire en matière d’amour conjugal. J’ai fait pour cela appel à Honoré de Balzac qui, sur ce thème, a écrit : « Il est plus facile d’être amant que mari, par la raison qu’il est plus difficile d’avoir de l’esprit tous les jours que de dire de jolies choses de temps en temps. » Certains époux catholiques ne le savent que trop bien.

Rocco Femia, directeur de RADICI

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.