Aujourd’hui, presque 6 % de la population des États-Unis revendique des origines (ou une nationalité) italiennes. Car à partir de la fin du XIXe siècle, ils furent une destination privilégiée pour les Italiens, ceux du Mezzogiorno surtout.

Les vagues migratoires et leur géographie
Bien que l’immigration italienne aux États-Unis ait commencé dès la période coloniale, c’est au XIXe siècle que le mouvement migratoire prend des proportions significatives. On en distingue deux vagues principales. Avant les années 1860, donc avant que l’unification italienne ne prenne forme, ce sont les Italiens des régions du nord de la Péninsule qui partent pour les États-Unis à la recherche d’emploi. Certains préfèrent s’exiler et quitter la Péninsule pour échapper aux troubles politiques engendrés par les revendications françaises et autrichiennes notamment. Il s’agit souvent d’artisans, de commerçants qui, aux États-Unis, participent à l’ouverture du pays jusque dans les contrées reculées du sud et de l’ouest. C’est le cas de Domenico Ghirardelli, né près de Gênes, qui fonde sa célèbre chocolaterie à San Francisco dès 1851, ou d’Amadeo Giannini, originaire de Ligurie lui aussi, fondateur de la Bank of Italy en 1904, qui devient la Bank of America en 1928.
Après le Risorgimento, ce sont principalement les hommes des régions méridionales qui émigrent aux États-Unis. Cette émigration massive des Italiens du Sud a lieu entre 1880 et la Première Guerre mondiale. Elle est souvent une solution ultime pour échapper à la misère. Les conditions de vie dans le Mezzogiorno sont telles que les hommes considèrent qu’ils n’ont plus d’autre choix que de quitter leur village à la recherche d’emplois, même temporaires, afin de subvenir aux besoins de leur famille. Majoritairement paysans et sans qualification, ils partent travailler en tant que manœuvres dans des territoires en plein développement. Même s’ils partent également vers d’autres pays d’Europe, l’Afrique ou l’Amérique du Sud (en Argentine ou au Brésil notamment), les promesses d’emplois garanties par l’industrialisation massive aux États-Unis stimulent un mouvement migratoire transatlantique des plus importants. Entre 1860 et 1920, quelque 4,5 millions d’Italiens émigrent aux États-Unis.
Les États-Unis ont besoin d’une population nouvelle et nombreuse afin de peupler les territoires récemment entrés dans l’Union et de développer le pays. Aussi, l’immigration aux États-Unis est-elle libre, encouragée même. Au début du XXe siècle, le président Théodore Roosevelt souhaite que divers programmes de développement industriel, urbain et agricole soient proposés aux immigrants italiens afin que ceux-ci se dispersent sur l’ensemble du territoire national, ce qui devait faciliter leur intégration et aider au développement national. Les employeurs et industriels américains encouragent la venue d’ouvriers bon marché. Ainsi les Italiens du Mezzogiorno s’installent-ils où les opportunités d’emplois sont les plus nombreuses ; ils se concentrent dans les villes industrielles des régions de l’Est du pays, mais également dans les États du sud ou de l’ouest, où ils construisent de nouvelles villes et des voies ferrées.

Marie-Christine Michaud
Maître de conférences à l’université de Bretagne-Sud, Lorient

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