Matteo Renzi fascine, intrigue ou, à l’inverse, suscite une vive hostilité.

Au mois de février, l’anniversaire de sa première année au Palais Chigi, siège de la Présidence du Conseil à Rome, a fourni la matière à des bilans détaillés de son action dressés par les médias italiens et européens. Mais cette petite commémoration permet aussi de jeter un éclairage sur sa conception assez inédite de la politique. En effet, Renzi incarne le prototype du leader engendré par la montée en puissance de « la démocratie du public ». Une démocratie où le « chef » compte de manière décisive car les anciennes grandes cultures politiques sont évanescentes et les partis de masse en déclin.

Matteo Renzi n’est pas le premier leader de ce type en Italie. Il a été précédé par le socialiste Bettino Craxi et surtout par Silvio Berlusconi. La comparaison avec ce dernier est souvent avancée pour le dénigrer, en particulier par ses adversaires de gauche. A l’évidence, Renzi présente des traits communs avec « Il Cavaliere » : son insistance à s’ériger en homme nouveau, la mise en avant systématique de sa propre personne, le soin apporté à sa gestuelle, son étourdissant tournis médiatique, sa maestria télévisuelle, sa composante populiste, sa volonté de parler simplement et directement aux électeurs en ignorant les corps intermédiaires (syndicats de salariés, organisation patronale, groupes d’intérêt les plus variés etc.), son goût de la provocation, son désir d’agir vite ou encore son exaltation d’une certaine fierté nationale. Mais Renzi se différencie nettement de Sua Emittenza par l’âge (il a quarante ans, Berlusconi soixante-dix-neuf), son utilisation magistrale des réseaux sociaux (Renzi twitte plus vite encore qu’il ne parle), son absence de conflit d’intérêt, lui-même n’étant pas milliardaire, son net engagement pro-européen combiné avec des critiques de la bureaucratie bruxelloise et, évidemment, son appartenance au centre-gauche.

Marc Lazar

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