Des jeunes pris en étau entre une crise qui ne leur offre aucune perspective et des habitudes personnelles et familiales qui ne les encouragent pas à avoir le sens des responsabilités.

Certes, lu d’une traite, il pourrait s’agir d’un titre qui ne laisse aux jeunes aucune chance. Deux épisodes qui concernent l’Expo de Milan ont résonné en moi de façon particulière. Commençons par le premier, une donnée chiffrée plus que jamais révélatrice sur les jeunes : 42,6. C’est le dernier chiffre du chômage de cette catégorie de population en Italie. En pratique, 43 jeunes (entre 15 et 24 ans) sur 100 n’ont pas de travail. Je suis allé vérifier les statistiques des années précédentes et, pour retrouver des niveaux aussi bas et aussi décourageants, il faut remonter aux années 1970. Alors, bien sûr, on pourrait dire : « Le gouvernement ne fait rien ». « Le Jobs Act de Renzi est une idiotie. » « Les immigrés prennent le travail des Italiens », et ainsi de suite. Mais on se rend compte que c’est bien plus compliqué que ça en a l’air pour pouvoir prétendre apporter des solutions simples au problème.

Puis je suis tombé sur une nouvelle qui m’a fait réfléchir et que j’ai eu envie de partager avec vous. Elle concerne un autre chiffre, presque identique au premier : 46 %, mais cette fois, de jeunes qui, après s’être présentés et avoir été sélectionnés pour travailler à l’Expo, ont refusé en remerciant poliment. On pense alors : mais s’il y a tant de jeunes au chômage, comment se fait-il que les offres d’emploi, quand il y en a, soient refusées ? C’est l’une des nombreuses polémiques qui ont éclaté autour de l’Expo. On n’en a pas beaucoup parlé, mais elle mérite sans doute d’être rappelée, parce que je pense qu’elle est révélatrice d’une certaine conduite. Je veux préciser d’emblée que quand je parle de conduite, ce n’est pas dans l’intention de faire feu de tout bois. Mais certains éléments, comme celui-ci, expriment clairement une tendance.

Regardons d’un peu plus près ce dont il s’agit : eh bien, pour travailler dans les pavillons de l’Expo du 1er mai au 31 octobre, l’organisation a publié plusieurs offres d’emploi et reçu au total 310 000 candidatures. Au final, 1 000 candidats ont été sélectionnés, tous des jeunes. Le contrat proposé était un contrat d’apprentissage, à 900 euros net par mois pour toute la période que dure l’Expo, c’est-à-dire 6 mois. Résultat : 460 jeunes sur 1 000 ont refusé le poste de travail. Les organisateurs de l’Expo sont alors passés à un second groupe de candidats : et là, même scénario. Pareil pour le groupe suivant. En somme, pour aller vite, passage après passage, 80 % des candidats sélectionnés avaient disparu au moment de la signature du contrat. Ils ne voulaient même pas en entendre parler. Cet épisode a provoqué, comme toujours en Italie, indignation et colère chez certains, et soutien de ces jeunes chez d’autres. Les réserves et la prise de distance d’une grande partie de la jeunesse italienne n’ont pas manqué, au cri de « Non siamo bamboccioni », terme par lequel sont désignés, en Italie, les jeunes adultes entretenus par leurs parents.

Reste le fait qu’un grand nombre d’entre eux, qui étaient au chômage, le sont restés pour différentes raisons que l’on peut résumer comme suit : « avec 900 euros net, on ne peut pas vivre à Milan » ; « mais ce n’était pas 900 euros, c’était à peine 500 » ; « je devais vraiment accepter un travail dont je ne savais rien ? » ; « il y avait une désorganisation totale dans les sélections » ; « pour un salaire comme celui-là, ça ne vaut pas le coup de rentrer chez soi si tard le soir » ; et ainsi de suite.

Flavio Apriglianese

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