À qui la faute ? Comme en d’autres époques, comme dans d’autres pays, nous traversons la phase actuelle de la vie italienne, dans la crise économique la plus longue de mémoire d’homme, comme si nous étions envahis par un sentiment de revanche à l’encontre d’une injustice subie.

À qui la faute si nous sommes devenus moins riches, moins influents, et peut-être moins heureux ? À qui la faute s’il n’y a de croissance que dans notre taux de chômage ? À qui la faute si des générations entières sont parquées dans l’attente toujours plus désespérée d’un emploi ? Eh bien à cette Caste politique avide, à Berlusconi, aux partis, à Bruxelles, à l’euro, aux syndicats, à la centralisation de l’État, à Equitalia [Centre des impôts, ndr], au Club Bilderberg, à la Troika [terme par lequel on désigne, en Italie, le trio composé du Fond monétaire international, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne, ndr] et même à Angela Merkel !

Face à certains événements, certaines situations, certains phénomènes hostiles, il est inévitable que les individus ou les collectivités rejettent leur part de responsabilité et cherchent un coupable réel ou un bouc émissaire quel qu’il soit. Mais lorsque c’est une entière nation qui perd du terrain, se flétrit, se sclérose, alors les impulsions revanchardes se multiplient.

Enrico Mentana / Vanity Fair

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