La migration politique de l’entre-deux-guerres est un élément important de l’histoire de la France, pays d’accueil, et plus encore de celle de la patrie d’origine, l’Italie. Pour autant, ces migrants un peu particuliers ne sont souvent pas très différents de ceux de l’émigration de masse.
Au cours des quelque vingt années que dure la dictature fasciste en Italie, l’émigration politique concerne autant les anarchistes que les libéraux comme l’ex-président du Conseil Francesco Saverio Nitti, les communistes, les socialistes – réformistes ou maximalistes – les républicains héritiers de Mazzini, quelques catholiques, des syndicalistes révolutionnaires, ou encore les libéraux-socialistes de Giustizia e Libertà (GL, « Justice et Liberté »), groupe créé en 1929. Cette émigration rassemble des responsables de partis, des députés, des journalistes ou des cadres syndicaux auxquels le régime interdit toute activité, mais aussi des militants de base et de simples sympathisants, victimes de la violence des bandes fascistes, bannis de leur ville ou privés d’emploi car inscrits sur les « listes noires » des employeurs.