Vous avez regardé jouer la Roma contre Le Réal de Madrid mercredi dernier ? Si oui, vous n’avez rien remarqué ? Moi si. Je pense que même la sélection nationale des Iles Féroé n’avait pas eu droit à un traitement aussi partial et critique depuis bien longtemps. Les commentateurs n’ont pas épargné l’équipe de la capitale italienne et plus largement son championnat. En chef de meute : le consultant de l’antenne qui retransmettait le match, j’ai nommé Christophe Dugarry.

Ne lui reprochons pas sa franchise et ses points de vue, c’est ce qui fait sa qualité et sa pertinence à son poste. Mais opposons-lui point par point une contre-argumentation. L’AS Roma ne propose aucun jeu ? Il me semble plutôt qu’elle avait mis en place, jusqu’à ce qu’elle cède, un système qui a fait déjouer les madrilènes durant plus de 57 minutes. Certes les romains, plus mauvaise défense de la Ligue des Champions, ne sont plus au niveau du célèbre « catenaccio » qui a fait la légende de la squadra, mais souvenons-nous aussi de ce qu’ils ont été capables de faire avec Rudi Garcia pour se retrouver en Ligue des Champions.

Puis les commentateurs de remarquer ironiquement qu’il n’y a qu’un seul joueur italien dans les rangs du onze de départ du club de la capitale (oubliant au passage El Shaarawi, pourtant international). Mais combien d’Espagnols au Réal et combien de français au PSG ? Les mêmes règles s’appliquant à tous, non ?

Ce fut ensuite au tour du réalisateur italien d’en prendre pour son grade (certainement à juste titre) pour ses ralentis décalés et ses choix de cadrage pas forcément réactifs ou heureux. « D’ailleurs aucun réalisateur italien n’a été convié pour l’Euro 2016. Ce n’est pas pour rien » souffle le metteur en image de la chaîne française aux commentateurs. Là encore, il me semble, qu’en ce domaine, d’autres nations peuvent remporter le pompon. Mais elles n’ont pas forcément droit à un tel traitement.

Une fois toutes les critiques possibles faites sur les protagonistes italiens de la soirée, il est temps pour nos experts, Dugarry toujours en tête, d’élargir la démonstration. « La Série A est ennuyeuse. D’ailleurs, j’ai énormément de mal à suivre un match en entier ». C’est vrai que le championnat de Ligue 1 dont la chaîne a les droits et qu’il commente avec un enthousiasme non feint, est vraiment passionnant. Rappelez-moi combien de points d’avance au classement pour le leader parisien alors que la bataille fait rage dans le haut de tableau italien ? Dois-je vous faire un résumé de l’exaltant Montpellier-OM que j’ai eu le plaisir de voir il y a peu ?

Heureusement, au fil de la rencontre Rome-Madrid, le consultant s’est trouvé un autre centre d’intérêt que le dénigrement du jeu italien : son ami Zinedine Zidane dont c’était la première en tant que coach dans la compétition. Un entraîneur sur lequel les compliments n’ont cessé de pleuvoir face à un Luciano Spalletti « incapable de proposer quoi que ce soit avec son équipe ». Sans doute Rudi Garcia, s’il n’avait été limogé en cours de saison, aurait eu droit à plus d’égards…

Ce mardi, c’est à la Juventus de rentrer dans l’arène de la Ligue des Champions face au Bayern de Munich. Espérons qu’elle n’écopera pas du même traitement que la Roma de la part des spécialistes de la spécialité. Un espoir se dessine : le match est retransmis sur une autre chaîne, concurrente.

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Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.