Dans la péninsule, en politique, rien n’est jamais simple. Voilà deux semaines, Silvio Berlusconi annonce son retour.

Dans la foulée, Mario Monti annonce la démission de son gouvernement et des élections anticipées. Et voilà maintenant que le « professore » semble relever le gant et préparer sa candidature aux législatives pour mener une coalition de centre-droit.

« Berlusconi se prépare à une bataille jusqu’au dernier sang » confie l’un de ses proches le 8 décembre dernier. Voilà qui laisse alors augurer d’un bien piètre spectacle électoral à venir. Avec de tels propos bellicistes, les abstentionnistes ne vont certainement pas être poussés à retourner aux urnes. Ils représentent 40% du peuple italien. Dix fois plus nombreux sont ceux qui ont renoncé à croire en un parti politique.
Lui, n’appartient à aucun parti, un « technocrate » disent certains. L’actuel premier ministre Mario Monti a repris une idée ancestrale à son compte : mettre une personne compétente au bon poste. Lui l’économiste garde le budget, une préfète gère l’intérieur, une pénaliste la justice, une spécialiste des retraites les affaires sociales, un amiral la défense etc…
« Indigné » par les attaques de la droite berlusconienne et du PDL (Parti de la liberta), « Super Mario » comme ses partisans le surnomment, a décidé de démissionner entraînant par là-même des élections anticipées et un effondrement des bourses européennes dont il avait essayé de regagner la confiance. Mais justement quel bilan peut mettre en avant le président du conseil accusé d’être arrivé au pouvoir à l’issue d’un quasi-coup d’état orchestré par Paris et Berlin ?
Il a d’abord redonné confiance aux marchés, permettant ainsi à l’Italie de financer à nouveau sa dette. Il a aussi réformé les retraites (l’âge légal de départ a été ramené à 66 ans) et flexibilisé le travail. Quant à la fraude, de mauvaises langues lui ont toujours prédit qu’il ne pouvait pas changer le mode vie de ses concitoyens. A l’arrivé il a sauvé l’économie de la péninsule mais appauvri son peuple. Les journaux racontent que certaines « mamas » ont pris la relève de femmes immigrées pour accomplir ménages et autres petits métiers à travers tout le pays.

Berlusconi, lui, a, pendant dix-sept ans fait des promesses qu’il n’a jamais tenu, dépensant pour rien de l’argent qu’il n’avait pas, pour conduire sa nation dans un mur, pendant que celle-ci gardait les yeux fermés. A choisir entre les deux hommes, il n’y a vraiment pas photo de mon point de vue… Entre temps le « cavaliere » a retiré sa candidature, appelant, sous certaines conditions (rien n’est jamais gratuit avec lui), à soutenir Mario Monti. Mais Monti sera-t-il candidat ? Deux options s’offrent à lui s’il veut rester en politique: ressusciter la Démocratie Chrétienne ou succéder à Giorgio Napolitano à la présidence.
N’oublions pas pour autant, en vue de ces Législatives : les opposants de gauche. Luigi Bersani vient d’être investi à l’issue de Primaires très réussies par le Parti Démocrate, avec trois millions de votants, alors que Beppe Grillo, le Coluche italien comme on l’appelle en France, capitalise des voix supplémentaires lors de chaque scrutin local avec son mouvement Cinq Etoiles. Seulement, cette gauche a-t-elle tiré des leçons de ses errements démocratiques du passé ?
Pier Luigi Bersani se verrait déjà Premier Ministre selon certaines gazettes, il lance même à Monti : « Dépêche-toi d’annoncer ta décision ! ». Quant à Berlusconi, espérons qu’il a mis un terme à sa sempiternelle comédie et que le prochain scrutin se dispute entre personnes sérieuses… Quant au verdict sorti des urnes, faisons confiance au peuple italien !
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Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.