L’image que retiendront certainement ce jeudi 16 juin les Italiens mais aussi les Français sera sûrement cette photo prise dans un train en route pour l’Ukraine.

On y voit, conversant, Emmanuel Macron, Mario Draghi et Olaf Scholtz. Président, Premier Ministre et chancelier des trois premières puissances économiques de la zone euro se rendent au chevet d’un pays en guerre. Il y sera question d’intégration dans l’Union Européenne, d’aide économique ou en armes face à l’assaut russe.

Ce geste politique mais aussi ce cliché occulteront l’actualité qui inonde la rubrique « économie » des journaux. « En Italie, le grand retour de la peur du « spread » » titre Le Monde, ou encore « la BCE au secours de l’Italie » dans les pages saumon du Figaro.

Le « spread » est le différentiel entre la valeur des bons du trésor italien et celle des obligations liées à l’emprunt d’état allemand. Quand cette différence tourne trop en faveur de Berlin, une question récurrente revient : l’Etat italien, détenteur de la plus grosse dette publique d’Europe, est-il encore solvable ?

Après deux ans de quasi-vitesse de croisière, les finances publiques de la péninsule virent à nouveau au rouge. Deux années de pandémie qui avaient valu à l’Italie (comme à d’autres) une dispense de rigueur budgétaire européenne.

Et voilà que l’on revient à la guerre en Ukraine mais aussi au grand retour de l’inflation. Ce sont eux les responsables de cette nouvelle crise économique qui fait trembler les comptes publics de Rome. Mais qu’elle soit due à des facteurs internationaux ou intérieurs, la fragilité des finances italiennes est endémique.

Comme sa stabilité politique précaire d’ailleurs. L’autre actualité italienne à l’international évoque le potentiel retour de la droite aux manettes dans le pays, et donc la fin de la coalition emmenée par Mario Draghi. Si l’ancien patron de la BCE devait tirer sa révérence, c’est un pare-feu de plus qui tomberait entre l’Europe et la dette italienne.

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Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.