Forcément le nom de l’évènement agit plutôt comme un repoussoir : « synode de la famille ». Pas de quoi attirer les foules…
(Pour info un synode se définit comme une réunion en général mais en particulier comme un ensemble d’ecclésiastiques au travail). Et pourtant ce qui se déroule actuellement à Rome inclut des laïcs et peut marquer à coup sûr un des tournants de la politique du pape François au Vatican.

Homosexualité, grossesse hors mariage, chute spectaculaire des baptêmes, mariage avec un musulman etc… Rien ne devait être épargné dans le débat aux 182 synodaux (évêques et cardinaux). « Au risque d’en faire devenir certains aussi rouges que leurs habits » raconte le recteur de l’université catholique d’Argentine dans Le Monde.

En dehors des hommes d’églises (en attendant des femmes aussi), des experts et des laïcs ont pu prendre la parole pour s’exprimer sur cette grande thématique que recouvre la famille. A condition de ne pas dépasser quatre minutes. Mais à raison de 240 interventions sur 253 participants, mieux valait poser un cadre temporel. Le pape avait donné un mot d’ordre : « Que la parole se libère ». Il a été exhaussé…

Mais bon l’inconvénient est forcément qu’à se libérer, la vérité des points de vue finit par éclater. Au sujet des divorcés remariés par exemple, le cardinal Kasper parle d’un vrai « divorce sur le mariage », ce qui fait titrer au Figaro : « Querelle de famille au Vatican ». Mais il semble bien que sur ce point comme sur d’autre que le Pape reste minoritaire pour ce qui est d’ouvrir l’Église à ceux pour qui la porte est fermée depuis toujours. Mais après tout c’est lui le patron, même s’il ne va pas forcément taper du poing sur la table ou l’autel.

Qui peut-il si certains qualifient encore de « désordre intrinsèque » l’homosexualité ou les « mentalités contraceptives » ? Des pas se font malgré tout vers le chemin de la tolérance avec notamment « des vertus » reconnues au mariage civil. A défaut de convertir, l’Église va sans doute devoir « convertir son langage » et ce afin de pas être perçue comme assénant systématiquement des règles.

Est-ce cela la révolution Bergoglio ? Sans doute. Le rapport d’étape de ce synode stipule notamment que « les homosexuels ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne ». Alléluia ! Mais ce premier document ne constitue en rien de futures tables des lois. Un second synode est prévu en 2015 après consultation des fidèles via les diocèses. Attention les conservatismes ne sont pas forcément toujours où l’on croit.
Si le Vatican fait sa révolution, chaque paroisse va aussi devoir la faire.

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Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.