Qu’il est long cet hiver, long et froid, pavé de verglas et de records météorologiques historiques : record de neige, record de pluie… Et chacun s’efforce de traverser la tempête comme il peut. Benoit XVI, lui, a renoncé à braver les vents contraires. Il a annoncé aujourd’hui sa démission pour le 28 février prochain. Autrement dit, il y aura un nouveau Pape à Pâques.

« Qu’est-ce que ça peut nous faire ? » lâche une collègue devant une édition spéciale du journal télévisé. « C’est historique » essaie-je de lui dire sans parvenir à la convaincre. Il faut pourtant remonter au Moyen-âge pour trouver des papes démissionnaires.

Joseph Ratzinger, de son vrai nom, passe donc la main alors que la France porte de moins en moins l’église dans son cœur (et où les chœurs d’église sont de plus en plus déserts). « Ras le bol » peste un ami prêtre. « De quoi ? » lui demandai-je. « De tous ces mauvais esprits qui passent leur temps à nous critiquer. On fait des choses bien aussi » riposte ce père tendance prêtre ouvrier. « Tu veux dire qu’il n’y a pas que des prêtres qui manifestent dans la rue contre le mariage pour tous » lui dis-je pour éclaircir ses propos. « Oui, ça et d’autre choses » soupire-t-il.

Et pourtant, Benoît XVI, lors de son élection en 2005, était censé incarner la modernité, le renouveau de l’église. Voilà longtemps qu’il a été écarté de ce droit chemin, vaincu par la vieillesse et le conservatisme de l’Etat-major du Vatican, le poids des traditions, etc… « C’était un pape malgré lui » me lance mon épouse, bien au fait de la sociologie catholique.

Curieux, qu’elle me fasse cette réflexion, alors que je ne cesse de voir trotter dans ma tête l’image de Michel Piccoli dans Habemus Papamde Nanni Moretti. L’histoire de ce cardinal, féru de théâtre, sans être un clone de Ratzinger, nous rapproche en quelque sorte des interrogations qui ont peut-être assaillies Benoît XVI quand il a appris qu’il allait embrasser la fonction suprême.

Les adjectifs qui reviennent le plus souvent aujourd’hui au sujet du pape après l’annonce de sa démission sont « honnête » et « humble ». Benoît XVI a dit « être parvenu à la certitude que ses forces, en raison de l’avancement de son âge, ne lui permettent plus d’exercer de façon adéquate le ministère de pape et évêque de Rome ». Plusieurs voix s’élèvent chez ses proches mais aussi chez des experts de la papauté pour rappeler qu’il avait toujours prévenu qu’il pourrait agir ainsi.

Et les pronostics sur son successeur annoncé pour Pâques (le 31 mars) d’aller à nouveau bon train : le cardinal italien Angelo Scola, le Canadien Marc Ouellet ou le ghanéen Peter Turkson. « Il faut que l’église s’ouvre et un pape noir serait bienvenu » confie un fidèle parisien. Reste à savoir maintenant si ces espoirs de renouveau ne se dissiperont pas aussi vite que la fumée blanche au dessus des toits du Vatican.

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Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.