De retour à Rome pour quelques jours, je me ballade une fois de plus dans le quartier des chambres parlementaires. Comme à chaque fois, il y règne une effervescence (in)habituelle : manifestants brandissant des pancartes revendicatives, nuée de caméras et de photographes, dispositif policier renforcé.
Mais ce jour-là, deux actualités (entre autres) animent les discussions : la parution du décret sur la réduction du nombre de députés et sénateurs de 900 à 600, et les accords signés avec la Lybie sur les migrants. Dans ses deux dossiers, comme à peu près dans tous, le Conseil tâtonne.
La majorité surgie de la rupture entre la Ligue et les Cinq Etoiles, est fragile. La revue L’Espresso de la semaine fait même sa Une sur Dario Franceschini qui pourrait être le « plan B » en cas de départ forcé de Giuseppe Conte.
Bref la « combinazione » continue.

Mais ne pensez pas que tout cela est une simple comédie réservée aux initiés. La première fois que je me suis rendu à Rome, de nombreux citoyens mobilisés étaient dans la rue : une moitié pour huer Berlusconi, l’autre pour lui rendre hommage une dernière fois avant son départ du Palais Chigi. Les deux cortèges prenant soin de n’être jamais au même endroit au même moment et s’ignorant royalement. Même s’il passe souvent, à tort, pour un couillon facilement manipulable, l’électeur italien s’intéresse à la politique. Il aime surtout chercher les hommes providentiels. Et alors ? N’est-ce pas aussi le cas en France à chaque élection présidentielle.
Celui qui s’est rêvé en cet homme providentiel c’est Matteo Salvini. Que devient-il ? Toujours parlementaire mais vice Premier Ministre déchu, il est plus que jamais présent sur la scène politique comme médiatique. En ces quelques jours romains dont je profite, il est également en pleine page autant dans la presse de la péninsule qu’hexagonale. Il brandit fièrement un nouvel étendard : 57,5 % des suffrages lors des dernières élections en Ombrie.
L’Italie donne l’impression d’être en campagne permanente. Le gouvernement actuel, à la fois technique et de compromis, semble bien fragile. Combien de temps va-t-il tenir ? Aucun éditorialiste ne se hasarde à faire de pronostics. Les carabiniers qui surveillent les palais parlementaires semblent bien las ce matin, comme une bonne partie de l’opinion italienne.

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Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.