Je reprends la plume après une pause de presque un mois liée aux élections régionales que j’ai dû couvrir pour France 3. Elections régionales, voilà que cela m’amène aujourd’hui à me poser une question sur la manière dont sont perçues les régions en France et en Italie. A partir du 1er janvier, le redécoupage électoral hexagonal réunit certains territoires français entre eux. Mais avions-nous, avant cette nouvelle carte, un réel sentiment d’appartenance régional ? Celui-ci n’est-il pas, à défaut d’être inexistant, en rien comparable à celui ressenti dans la péninsule ?

Basques, Bretons, Corses et après ?

À quelques exceptions près pour les Basques, les Bretons ou encore les Corses, qui, en France, peut se sentir plus de sa région qu’un Sicilien, un Toscan ou encore un Vénitien ? N’oublions pas que l’unité italienne n’a qu’un siècle et demi. Souvenons-nous aussi que presque chaque région de la péninsule a son dialecte, autrefois plus souvent parlé que l’italien. Relisez Erri De Luca et l’histoire de cet enfant de Naples dont le père est, malgré tout,  fier qu’il sache parler la langue nationale.

Une terre dans la peau

L’histoire du « Belpaese » a façonné l’attachement de ses habitants à des provinces qu’il a parfois fallu quitter pour travailler dans le nord ou à l’étranger. Mais ces terres ne vous quittent jamais vraiment, imprégnées pour toujours dans votre cœur, et transmises à vos enfants. Je vous ai conté ma visite du musée des arts et traditions populaires de Rome. Allez-y vous rendre compte de cet attachement du peuple italien à ses patrimoines régionaux, costumes traditionnels, bâtisses typiques, chants traditionnels, etc…

Un air de Méditerranée

Né à Toulouse, j’ai désormais passé plus de la moitié de mon existence dans sa région. Est-ce que je me sens « Midi-Pyrénéen » pour autant ? Vais-je me sentir plus de « Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées » maintenant que nous sommes mariés ?  Peut-être y retrouverai-je de l’âme méditerranéenne de mes parents, celle que leurs propres parents leur avaient inculqués, et ainsi de suite. Celle aussi de la Campanie, de la Toscane ou encore de la Sicile, régions où s’est dispersée la partie de la famille restée au pays, au fil des générations et des exodes.

Même si nous n’y sommes pas né, nous pouvons aimer l’endroit où nous vivons, nous pouvons même contribuer à en raconter l’histoire ou même à en enrichir le patrimoine. Seulement, et nous le savons bien à « RADICI», c’est une autre paire de manche que d’y faire pousser ses racines ou même de les replanter. Dessiner une nouvelle carte d’un pays est politiquement un acte fort mais qui, plus que jamais, doit entraîner l’adhésion de son peuple pour signifier quelque chose. Au premier janvier, en France, c’est une nouvelle aventure qui commence. Reste à savoir si la greffe va prendre.

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Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.