L’époque que nous vivons abonde d’informations, mais elle porte en elle deux vérités qui s’affrontent. Nous sommes tous informés, sur tout, mais bien souvent nous nous dispensons trop vite du devoir de comprendre ce que nous lisons. Parallèlement à ce risque existe toutefois un aspect éthique très positif, même s’il est susceptible de heurter nos consciences : demain, personne ne pourra dire « je n’étais pas là », « je ne savais pas ».

Témoignages, photos et films font désormais le tour du monde en temps réel pour nous montrer les déplacements massifs de populations, les migrants entassés dans les camps, les viols, les tortures, les naufrages, tous des drames que nous pouvons observer directement tandis que des autres drames, nous n’en percevons que les pourtours tragiques, dévoilés dans de trop rares reportages.
En effet, au vu du vent en poupe dont bénéficient les racistes et les xénophobes de tout poil, on doit en déduire que ces drames ne semblent pas provoquer les réactions naturelles d’indignation auxquelles on pourrait s’attendre. Il y a comme un changement éthique qui attaque nos consciences et qui ne nous permet plus de percevoir la moindre lumière, aussi faible soit-elle, dans le tunnel que nous traversons et qui est encore très long. C’est comme si nous avions perdu toute pudeur et avions dédouané notre conscience de toute attitude violente et irresponsable. Bref, nous sommes devenus plus méchants.

Flavio apriglianese