Un homme seul, rejeté, malade. Et pourtant, Antonio Ligabue enchantait le monde entier grâce à son art. La vie malheureuse du peintre et sculpteur italo-suisse est devenue un film grâce au réalisateur Giorgio Diritti, et l’acteur qui l’incarne, Elio Germano, a remporté l’Ours d’argent de la meilleure interprétation au dernier festival du film de Berlin.

On l’appelait « El Tudesc », l’Allemand, parce qu’il était né et qu’il avait grandi en Suisse, et il parlait mieux allemand qu’italien. Quand il arriva à Gualtieri, en Émilie-Romagne, en 1919, Antonio Laccabue, avait vingt ans ; il était pauvre, rachitique, laid. Fou, aussi. Les paysans l’évitaient, se moquaient de lui, l’humiliaient. Et pourtant, dans le malheur d’une vie d’exclusion, Ligabue trouva la paix dans l’art : un monde fantastique de tigres, gorilles et jaguars qui peuplaient son esprit et devenaient les magnifiques peintures qu’il offrait en échange de nourriture ou d’une grange d’où se protéger du froid.

Fabrizia Sacchetti / Focus Storia