La guerre. La fuite. Et une année sous terre, à souhaiter la mort. Une histoire comme tant d’autres, à connaître, pour rester humain.

Rocca di Papa, Latium, centre d’accueil Mondo Migliore. Massimiliano Coccia et Andrea Billau, journalistes à Radio Radical, font l’interview de John, réfugié érythréen de 22 ans. John était à bord du Diciotti, le navire des garde-côtes italiens resté en mer pendant des jours, otage du gouvernement italien qui a utilisé sa cargaison humaine pour faire chanter l’Europe. Au terme de cette histoire douloureuse, les migrants du Diciotti, érythréens pour la plupart, ont été accueillis par l’Église italienne, sur le sol italien. Ils sont en Italie, nous les avons donc accueillis. La conversation entre Massimiliano Coccia et John est simple et permet de comprendre beaucoup de choses. En Érythrée, John étudiait, mais quand on l’envoya faire son service militaire, qui cependant ne finissait jamais, John décida de quitter l’Érythrée, où il savait ne pas avoir d’avenir. Entre l’Érythrée et la Libye, il a dû payer la traversée du Soudan. Le voyage lui a coûté dix-sept mille dollars, qui n’étaient pas les économies de ses parents mais le fruit d’une vaste collecte entre famille et amis : on investit sur une personne jeune pour essayer de lui obtenir un futur ailleurs et pour avoir quelqu’un qui puisse aider ceux qui restent au pays.

ROBERTO SAVIANO / L’espresso