Gaëtan et Paul Brizzi

L’ENFER DE DANTE

Daniel Maghen | 160 p. | 29 €

Paul et Gaëtan Brizzi ont réalisé un travail remarquable de réécriture pour rendre accessible L’Enfer de Dante, une œuvre réputée difficile, sans la dénaturer, ni trahir l’esprit du génie italien. Ils ont su la traduire en images tout en veillant à préserver l’essentiel : un goût pour la démesure, la tension dramatique du récit et la noirceur inévitable du propos. Cette adaptation prend la forme d’un roman graphique à mi-chemin entre la bande dessinée et l’illustration.

Petra Reski

VENISE N’EST PAS À VENDRE

Trad. (all.) Gabriella Zimmerman
Arthaud | 336 p. | 21,90 €

« Je vis dans une ville qui subit l’amour de plus de trente millions de personnes par an. Aucune raison de se plaindre, me direz-vous. Et pourtant, aujourd’hui pour ses habitants, vivre à Venise signifie surtout observer sa ville en train de mourir. » Journaliste allemande installée depuis 1989 à Venise, Petra Reski partage ses souvenirs intimes entre le cinéma San Marco, le théâtre Ridotto et d’autres lieux mythiques, et nous fait partager la parenthèse enchantée du confinement qui a rendu les canaux à ses habitants. Écrit sans complaisance, ce récit, qui n’a rien d’une carte postale, témoigne de la nécessité d’un engagement politique et citoyen pour sauver Venise de la corruption institutionnalisée, du tourisme destructeur et de l’urgence écologique.

Carlo Lucarelli

PÉCHÉ MORTEL

Trad. Serge Quadruppani
Métailié Noir | 25p. | 20,50 €

Au cœur du fascisme italien, le commissaire De Luca poursuit son travail de policier, en obsessionnel indifférent aux changements politiques. Il doit identifier un corps sans tête retrouvé dans un canal. Menée sur un rythme effréné, l’enquête révèle une corruption inouïe à tous les degrés de la police et de l’armée. De Luca a la passion de l’enquête, l’intuition d’un Maigret et l’ambiguïté d’être un policier au service des « méchants et non des bons ». Dans ce roman noir, l’auteur cisèle les atmosphères en demi-teinte habitées par le silence, et son anti-héros désabusé est inoubliable.

Emanuele Trevi

DEUX VIES

Trad. Nathalie Bauer
Edition Philippe Rey | 160 p. | 17 €

Pia Pera et Rocco Carbone sont deux écrivains disparus prématurément. Leur ami Emanuele Trevi entreprend de raconter le solide trio qu’ils formaient dans la Rome des années 1980. Voici donc que reprennent corps Rocco, éternel insatisfait, et Pia, passionnée de littérature russe et de jardins. Tout en dessinant le portrait de ces êtres complexes et attachants, emportés dans les tourments et les joies de la création, le narrateur s’élève du particulier à l’universel et nous offre une ode à l’amitié, une réflexion sur la maturité, le deuil, sur le pouvoir de l’écriture aussi, capable de transformer des êtres aimés en personnages de fiction.

Francis Pascal

UN HOMME CONTRE
EMILIO LUSSU, ANTIFASCISTE

La fosse aux ours | 256 p. | 22 €

L’auteur de cet essai, Francis Pascal, est passionné par la Sardaigne et les œuvres d’Emilio Lussu dont il raconte ici la vie. Emilio Lussu, héros de la Première Guerre mondiale, élu député en 1921, s’oppose à la montée du fascisme et devient l’homme à abattre. Attaqué à son domicile par les milices de Cagliari, il tue l’un de ses assaillants et est condamné à cinq ans de déportation sur l’île de Lipari, dont il s’évade en 1929, infligeant ainsi un terrible camouflet à Mussolini. Fondateur du mouvement Giustizia e Libertà, il joue un rôle prépondérant dans l’organisation de la Résistance antifasciste hors d’Italie.

Philippe Maupeu

SOUS LES PAS DES CHEVAUX SELON UCCELLO

Ateliers Henry Dougier | 144 p. | 12,90 €

À la fin des années trente du Quattrocento, Paolo Uccello met la dernière main au triptyque de la Bataille de San Romano, commande de Cosme de Médicis célébrant la victoire, en 1432, des condottieri florentins contre Sienne et ses alliés. Antonio, fils d’un boulanger du Mercato Vecchio, tout juste engagé par le maître, se rêve grand peintre mais il est confronté à la réalité des tâches qui incombent au commis. Dans l’ambiance à la fois laborieuse et potache de l’atelier de Paolo, le chaos de la Bataille de San Romano prend peu à peu forme aux yeux d’Antonio.