Sète a vu débarquer, au cours de différentes vagues de migration, de nombreux Italiens, poussés par la misère qui ravageait le Sud de la Péninsule.

Pêcheurs ou agriculteurs, ils ont tenté de s’intégrer dans leur ville d’accueil, d’abord en refoulant leur culture d’origine, puis en la combinant avec l’identité sétoise. Aujourd’hui, certains quartiers de la ville, mais aussi la gastronomie et les expressions issues du napolitain qu’utilisent encore les jeunes générations, révèlent l’empreinte italienne de cette ville méditerranéenne.

«Sète, Venise du Languedoc » : les dépliants touristiques se plaisent à faire circuler ce cliché. Canaux, lido : oui pour la Venise géographique, voire pour le parfum génois. Mais allez suggérer à un Giordano, un Buonomo, un Di Stefano, un Nocca ou un Rinaldi qu’il est originaire de Venise. Ce serait comme dire d’un Sétois qu’il est alsacien. Car les véritables racines italiennes de Sète se nichent au Sud de la Péninsule. Autour de Naples, à Gaète (22 000 habitants) et dans le village de Cetara, mais aussi en Calabre, ou en Sicile. Un Sud où pêcheurs et agriculteurs, poussés par la pauvreté, ont immigré à Sète et à Frontignan à partir de 1870, en passant parfois par le Maghreb.

À Sète, ils se sont installés près du port, notamment dans le Quartier haut, que l’on appelle d’ailleurs « La petite Italie », du fait de ses petites maisons colorées, même si ces couleurs ne doivent pas grand-chose à sa population italienne.

Certes, de nombreuses tombes du cimetière marin portent un nom à consonance transalpine. Selon Marie-Ange Liguori, élue en charge des jumelages, un tiers des Sétois auraient des origines italiennes. Malgré l’arrivée des « néo-Sétois », ce chiffre semble circuler invariablement depuis une trentaine d’années, mais reste administrativement invérifiable.

Ce que l’on sait assurément, c’est que, à l’occasion des joutes nautiques annuelles, dont les origines sont purement languedociennes, de nombreux participants portent des noms italiens. Et en politique, en art, en pêche, les Italo-Sétois sont profondément implantés dans la vie publique. Mais, à part la tielle, que reste-t-il vraiment de l’Italie à Sète ?

Raquel Hadida

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