« Venise est un songe », ont écrit les poètes, et l’on sait bien que les poètes ne mentent pas. Romantique, triste, sensible, décadente, nocturne, mais également fragile, vaporeuse, évanescente. Dans les pages de ce nouvel itinéraire signé par Vincent Engel, vous trouverez une Venise à la saveur particulière, à la lumière et au cadrage inattendus. En traversant les calli et les canaux, depuis le ghetto d’Hugo Pratt et jusqu’à la Sacca della Misericordia, en passant par le cimetière de San Michele, l’auteur nous invite à découvrir « sa »  Venise.
C’est le charme inégalé de la Sérénissime : la rencontre harmonieuse entre le singulier et ses chefs-d’œuvre de l’art et de l’architecture. Une beauté que Vincent Engel retrouve au détour d’une rencontre, dans le tissage de l’ombre et de la lumière, et même dans un cimetière, à l’intérieur des espaces qui se resserrent autour de nous et dans ceux qui s’élargissent jusqu’à se répandre dans l’horizon de la lagune. Venise, la plus invraisemblable des villes, n’appartient pas au monde réel, mais au fil enchanté d’un rêve, au point que l’on peut affirmer, sans crainte d’être contredit, que nous avons vraiment de la chance de vivre sur une planète où elle existe.
L’article de Roberto Brumat nous fait faire, quant à lui, un pas en arrière dans le temps et nous rappelle qu’avant Venise, il y avait une autre Venise, mais elle s’appelait Altino, la cité voisine vénète puis romaine, ancêtre de la Sérénissime qui n’était à l’époque encore qu’une île déserte de la proche lagune. Le plan de Venise, vous pouvez le vérifier vous-mêmes sur l’illustration de Daniele Bonesso, est presque superposable à celui d’Altino. Toutes deux ont une forme de poisson, l’un plus grand et l’autre plus petit. Plaisanterie des courants ou du destin ? Le fait est que personne, à moins d’être un oracle, n’aurait pu imaginer que mille ans plus tard le petit poisson allait devenir une grande baleine : la plus belle au monde.
Lorenzo Tosa, pour sa part, analyse de son ton incisif habituel le machisme sous-jacent et profondément ancré dans la société italienne, en partant des derniers exemples de ces « plaisanteries » en apparence inoffensives mais à la portée lourde de conséquences, que l’on appelle « gaillardises ». Tosa dévoile ainsi ce que soulèvent ces « plaisanteries », revendiquées comme telles et pourtant si révélatrices d’une piètre vision de la femme, ouvrant le champ des possibles jusqu’au féminicide.
Mais le temps est également à l’excellence, et il y en a beaucoup en Italie. Vito Tartamella nous invite ainsi à la découverte du laboratoire L’Immagine ritrovata de Bologne, où soixante-dix jeunes techniciens restaurent avec maestria les vieux films qui ont fait l’histoire du cinéma. Pour une fois, il ne s’agit pas d’une start-up de Los Angeles mais bien d’une petite société de Bologne. En trente années d’activité, elle est désormais devenue une référence mondiale en matière de sauvetage des chefs-d’œuvre du septième art.
Milan, 11 juin 1933, mille spectateurs sont les témoins inconscients, de même que le chroniqueur envoyé par l’hebdomadaire Il Calcio illustrato, d’un moment historique : le premier match public de football féminin en Italie commence. Quatre mois plus tard, le 1er octobre 1933 à Alessandria, les joueuses du Gruppo femminile calcistico (Gfc) de Milan et les joueuses piémontaises du jeune groupe local sont sur le point de débuter un autre match, mais les choses ne se passent pas comme elles l’espéraient. Que s’est-il passé ? La réponse se trouve dans l’article de Aldo Carioli.
Et comme à RADICI, notre passion pour le cinéma est inépuisable, nous vous annonçons la sortie d’un nouveau livre écrit pour EDITALIE par Oreste Sacchelli, consacré à la cinématographie de Marco Tullio Giordana, le réalisateur de La meglio gioventù (Nos meilleures années) et de I cento passi (Les Cent Pas), pour ne citer que deux de ses films. Le livre s’intitule Mes meilleures années et, pour en apprendre davantage, je vous laisse lire l’interview accordée à Jean A. Gili par Marco Tullio Giordana. Il se confie ainsi dans nos pages sur son intérêt particulier pour l’histoire de l’Italie contemporaine et, plus largement, pour les sujets de société qui sont depuis toujours au cœur de sa recherche cinématographique.
Il y a cent ans naissait l’écrivain Mario Rigoni Stern. Gardien de la mémoire des Alpes et de ses habitants, il fut l’un des plus grands narrateurs de l’épopée tragique de l’armée italienne en Russie et de l’humanité du monde paysan défait mais jamais effacé de l’histoire du XXe siècle. L’historien Gil Emprin, qui l’a bien connu, nous raconte le « Sergent dans la neige ».
Il y a en revanche un artiste italien peu connu qui, vers la fin du XIXe siècle, inventa l’art de changer de personnage en une poignée de secondes. Acteur, chanteur, pionnier du cinéma et, justement, inventeur du transformisme théâtral. Il s’appelait Leopoldo Fregoli. Un néologisme a même été forgé à partir de son nom pour désigner les voltefaces et autres retournements de veste, toujours d’actualité notamment en politique italienne : fregolismo. Alex Ruscioni, auteur du récent ouvrage Fregoli. La biografia, nous parle de lui.
Pierre Cadars, quant à lui, continue de nous apporter ses éclairages sur l’opéra italien. Après l’Aida, un autre opéra de Verdi dont nous célébrons cette année le cent-vingtième anniversaire de la naissance, Nabucco : l’opéra qui le rendit célèbre dans le monde entier, mais qui a risqué de ne jamais voir le jour. La première eut lieu le 9 mars 1842 à la Scala de Milan. Ce jour-là, la tension était à son comble, mais quand le rideau tomba à la fin du spectacle, le théâtre explosait de joie. Le contexte historique n’y fut sans doute pas étranger.

Site Web | Plus de publications

Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.