Lors d’un débat récent sur l’Italie, j’affirmais que, dans notre pays, les partis politiques sont des voleurs. J’avais dit cela sans emphase, peut-être même avec une certaine ingénuité, croyant que c’était une évidence étant donné les derniers scandales éventés. Certains interlocuteurs, surpris et offensés par mon affirmation m’ont accusé d’être « obnubilé par la caste politique » et de faire des discours de « je-m’en-foutiste », qui « délégitiment le pays » et m’ont invité à « arreter de parler mal de l’Italie en France ». J’ai d’abord cru que ce n’était qu’un trait d’humour, mais force a été de constater que la critique était sérieuse.

Il est évident que certains Italiens à l’étranger sont convaincus d’avoir la mission, quasi divine, de devoir défendre, coûte que coûte, leur pays, et ils en ont parfaitement le droit. La même chose devrait valoir si l’on critique le système, sans passer pour un je-m’en-foutiste et un anti-Italiens. Deux poids et deux mesures, c’est inacceptable.
Mais pourquoi devrions-nous faire honneur à une classe politique italienne comme celle que nous avons aujourd’hui quand ces saltimbanques de la politique donnent du pays une bien piètre image depuis de nombreuses années ?
D’après ces « avocats plaidant » interprètes de l’italianité, il faut « empêcher que soit anéantie l’image du pays à l’étranger », peut-être à renfort de mensonges, et cela en toute bonne conscience… Mis à part le fait que pour anéantir l’image de l’Italie à l’étranger et faire le sale boulot comme on le dit familièrement, les hommes politiques italiens n’ont vraiment besoin de personne, je voudrais demander à ces savants défenseurs de la politique italienne s’ils ont eu vent des affaires dans lesquelles sont impliqués deux partis politiques, La Margherita et la Lega Nord, qui font l’objet d’une enquête pour avoir utilisé l’argent du remboursement des frais des campagne (donc l’argent des contribuables) à des fins personnelles ? Il est question de dizaines de millions d’euros utilisés pour des voyages, des chambres d’hôtels, des rénovations de villas et d’appartements, et même des diamants. Le tout sans pudeur ni dignité.
Certes, il est injuste de mettre tout le monde dans le même sac, et il est évident qu’il existe aujourd’hui de nombreux exemples de cohérence éthique dans l’engagement politique. Mais il faut reconnaître que l’avilissement de la politique par le pire de l’Italie a gagné du terrain au point de faire déborder le vase, et que la crise que nous sommes en train de subir, avant d’être économique, est surtout éthique, car la complaisance envers l’illégalité et le vol est bien trop grande. Concernant nos pauvres parlementaires italiens, saviez-vous qu’ils sont les mieux payés d’Europe ? Un parlementaire italien gagne 5 486 euros net de salaire, plus 3 503 euros d’indemnités journalières, plus 3 690 euros de remboursement de frais pour maintenir les rapports entre élu et électeurs, plus 3 323 euros de remboursement de frais de voyages, plus 4 000 euros pour le porte-serviette qui, trois fois sur quatre, est beaucoup mois payé et, qui plus est, au noir. Je vous laisse le soin de faire la somme. Le tout pour maintenir une classe politique dont le taux d’absentéisme s’élève à 66 %.
Heureusement que nous sommes obnubilés par la Caste.

Rocco FEMIA
Directeur de RADICI

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.