« Le traître ? C’est celui qui tombe dans le piège de la peur, que certains partis exploitent pour obtenir des voix. La gauche ? Elle a trahi ses électeurs. » De la politique à la genèse de son nouveau film sur Tommaso Buscetta, repenti de la mafia sicilienne – en salle en France en novembre prochain, grand succès en Italie –, Marco Bellocchio raconte à RADICI son cinéma d’engagement civil : « Je n’ai jamais été à la mode. Pour plaire, il faut être compatible avec le système ».
«Dans la vie, j’ai fait certains choix courageux, d’autres, au contraire, ont été dictés par la peur mais, comme dans chaque film, il faut avoir un sujet consistant. » Le courage, la peur, le futur. Marco Bellocchio nous attend dans son bureau de Rome, sur la via Nomentana, le lieu de production de ses idées et de ses travaux. À notre arrivée, aucun faste, mais une pile de scénarii, des photographies en noir et blanc et de vieilles affiches accrochées au mur. De l’endroit émane une odeur de cinéma. Nous commençons alors à discuter. Le réalisateur, presque octogénaire, n’est pas pressé, il fait des pauses, il réfléchit. Jamais banal dans ses réponses. Après un succès retentissant dans les salles italiennes et treize minutes d’applaudissements à Cannes, nous discutons de son dernier film Il Traditore : un film sur la vie de Tommaso Buscetta, premier repenti de la mafia.