Au gré des différents projets de loi présentés au Parlement, le thème des unions civiles anime depuis des années le débat politique italien. Pourtant, l’Italie est encore aujourd’hui l’un des neuf pays européens à ne pas disposer d’une loi qui protège les couples concubins.

Pas plus de trois cent mille personnes selon ses détracteurs, presque deux millions selon les organisateurs. C’est la traditionnelle guerre des chiffres où, souvent, ce ne sont pas les idées mais bien le comptage des manifestants qui fait le succès d’un événement. Quoi qu’il en soit, le rassemblement du 30 janvier dernier à Rome, souhaité par une partie de l’Église catholique pour contrer le projet de loi sur les unions civiles mérite une réflexion qui intéresse la société italienne dans son ensemble.

Qu’on me permette tout de même de formuler une critique sincère et sans méchanceté à l’encontre des organisateurs. N’est-il pas un tantinet paradoxal que le 30 janvier dernier, parmi ceux qui se sont rassemblés en soutien du Family Day, autrement dit de la Journée de la famille, il y ait eu des politiques et des personnalités catholiques séparés, divorcés, remariés à l’église ou à la mairie (mais aussi à Las Vegas, comme l’un des organisateurs), des couples de fait, des concubins more uxorio (« selon la coutume du mariage »), des femmes enceintes non mariées, etc. ? Des gens qui, il y a une quarantaine d’années, se seraient certainement mobilisés pour l’abrogation de la loi sur le divorce (« les liens du mariage sont indissolubles ! », disait-on alors), mais qui, justement grâce à cette loi, peuvent aujourd’hui se permettre la liberté de choisir avec qui vivre et avec qui avoir des enfants et, dans les cas extrêmes, peuvent quitter un conjoint violent ou immature au motif qu’il détruit sa famille, sans devoir jouer le Marcello Mastroianni de Divorce à l’italienne.

Flavio Apriglianese

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