Dans une société dominée par les « like » sur les réseaux sociaux censés donner la mesure de l’approbation obtenue auprès des autres, il est probable que l’adulation ait désormais atteint son paroxysme. Petite histoire de la flatterie… toujours d’actualité.

La flatterie, une forme de manipulation stratégique qui existait bien avant l’avènement des réseaux sociaux. Elle est propre à l’être humain au point que, comme l’expliquent les éthologues, la déférence des chimpanzés à l’égard du mâle Alpha n’a rien à envier au respect des courtisans pour le roi de France Louis XIV, les deux attitudes étant des tentatives de gagner les bonnes grâces du chef.
Il est aussi vrai que l’adulation, et surtout le jugement moral à cet égard, ont changé au même rythme que l’humanité. Les anciens Grecs par exemple, la détestaient, estimaient que c’était une forme d’auto-humiliation, contraire au principe essentiel de la démocratie, c’est-à-dire l’égalité entre tous les citoyens (du moins les riches).

Et ce n’est pas par hasard si Aristote a réfléchi à l’attitude à tenir avec les lèches-bottes, et il a défini une nette distinction entre cordialité et adulation : « L’homme agréable comme il faut est un homme aimable, et le juste milieu l’amabilité; celui qui tombe dans l’excès, s’il n’a aucune fin intéressée en vue est un complaisant, et si c’est pour son avantage propre, un flatteur ».

ELISA VENCO / Focus Storia