Deux ou trois choses que vous devez connaître de Sienne pour comprendre comment cette ville d’art a su se protéger de façon si admirable tout en continuant à se renouveler.

Lorsque vous visiterez Sienne vous comprendrez vite certaines choses. La première, fondamentale, est que le Palio n’est pas un évènement qui vous appartient. Vous en découvrirez les règles, et même si quelqu’un a l’amabilité de vous les expliquer, vous les trouverez aberrantes, insensées, voire immorales. Chevaux tirés au sort, cavaliers marchandés, bénédictions qui vous sembleront un tantinet païennes, fonctions, fictions, corruptions. Le cavalier est autorisé à « acheter » des alliances pour sa propre victoire ou pour la défaite de son ennemi. Avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Tout cela légalement, en vue de l’heure fatale (de plus en plus télédiffusée à vrai dire), dont le plus grand plaisir est bien sûr de gagner, mais il en est un plus grand encore – si possible –, c’est celui de voir perdre son quartier ennemi. Et pourtant, cette ville est une « cité-État » dotée d’un sens sans équivalent de l’éthique et de l’esthétique. N’essayez pas de comprendre ce qui pour vous ressemble à des contradictions flagrantes parce que ce ne sont pas des contradictions. La première règle de survie dit plus ou moins ceci : essayez tout simplement de ne pas déranger les Siennois quand ils sont aux prises avec le Palio. Ils n’apprécient pas votre présence pendant ces journées particulières, encore moins votre curiosité.

Aldo Canale