À 35 km de Palerme, Partinico, petite ville de 30 000 habitants, semble être devenue l’épicentre de la haine raciale. Deux des six violentes agressions enregistrées durant l’été sicilien ont eu lieu dans cette ville.

« Marocains de merde, rentrez chez vous ». C’est un vendredi de haine à Partinico. Devant le bar Yogo Loco, une petite foule hurlante se réunit. Les voix se superposent, la langue sicilienne perd sa douce musicalité pour revêtir les tons sourds de la colère contre deux garçons à la peau noire. Quelle « faute » ont-ils commise ? Un vol ? Un regard trop appuyé sur une jeune fille ? Un mot de travers ? « Pourquoi tu m’as chassé du bar, je n’ai rien fait », demande inutilement l’un d’entre eux. Le feu de la colère se mélange à la transpiration d’une soirée très humide. La police arrive, les deux garçons sont emmenés au commissariat et retenus jusqu’à une heure du matin. Aucun délit. Aucune accusation. La haine, au moins cette fois, n’a pas explosé en actes de violence brutale qui auraient offert aux colonnes des faits divers le récit d’un troisième raid raciste en l’espace de quelques semaines, dans cette ville de 30 000 habitants, à 35 km de Palerme. Sur ces terres aussi, le germe de l’intolérance fait naître des arbres chargés de fruits empoisonnés.

Enrico Fierro / Il Fatto Quotidiano