Ce numéro double d’été 2021 est véritablement spécial. Je sais, j’ai l’air de toujours me répéter, mais que voulez-vous y faire, ici à la rédaction, nous aimons notre travail et nous sommes heureux de vous proposer à chaque fois un beau numéro de RADICI. Ce numéro-ci est beau à voir et intéressant à lire. Tout d’abord, histoire de varier un peu les plaisirs, l’itinéraire est cette fois consacré non pas à un grand site italien, mais à certains des bijoux secrets et cachés de la Botte. Biagio Picardi nous propose vingt destinations d’une Italie méconnue, y compris d’une grande partie des Italiens. Parmi les nombreuses merveilles dont regorge le Belpaese, nous avons malheureusement dû faire une sélection, un village par région. Concernant le reste du numéro, attachez bien vos ceintures parce que nous allons voler haut. Pour commencer, un dossier sur la mafia. Mais ne pensez pas qu’il s’agit toujours de la même rengaine. C’est un dossier tourné vers l’avenir, et non vers le « pittoresque » passé qui voit l’Italie comme le seul pays de mafia. Lisez l’article de Fabrice Rizzoli, sans doute l’un des plus grands experts de la question en France, mais aussi le président de l’association Crim’HALT, qui explique clairement combien l’on doit considérer, aujourd’hui plus que jamais, l’Italie comme le pays de l’anti-mafia. Excusez-nous du peu. Toujours dans ce dossier, l’historien Jacques de Saint Victor nous propose une réflexion sur ce qui est sans doute le péché originel d’une partie de la classe politique italienne : la corruption et la complicité tragique avec le crime organisé. RADICI a ensuite réussi à obtenir une interview exclusive avec Nicola Gratteri, le magistrat impliqué dans la lutte contre la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise. C’est grâce à son travail qu’en 2021 a débuté l’autre grand procès anti-mafia après celui de Cosa Nostra en Sicile – le célèbre Maxiprocès de 1986. Quant à Jean A. Gili, nous lui avons demandé d’ouvrir une fenêtre, disons plus légère, sur ce thème si délicat à aborder. Il nous parlera ainsi du cinéma et de la manière dont ce dernier a raconté la mafia au cours du siècle passé. Franco Lombardi, qui rejoint pour la première fois la rédaction de RADICI, ouvrira une brèche sur un hors-la-loi que l’Italie laisse depuis des décennies consciemment en liberté : le jeu de hasard. Un jeu qui attise par ailleurs la convoitise d’une criminalité organisée jamais rassasiée d’argent sale. Il est également question, dans ce numéro, de grande littérature. L’écrivain Erri De Luca ouvre sa porte à RADICI à l’occasion de la sortie en Italie de son livre A Grandezza naturale (Feltrinelli). De Luca transperce de son regard personnel, de sa sensibilité experte et, surtout, de sa prose essentielle, le rapport au père, mais aussi aux enfants et aux pères de l’histoire de l’humanité. Je me réjouis à chaque fois que je parle avec lui, mais je dois concéder que ce n’est jamais évident, eu égard à sa simplicité désarmante et concrète. Surtout quand on se rend compte que dans l’emploi que l’on a fait des mots pour poser des questions, l’écrivain, lucide, direct, en a utilisé moins pour répondre. En somme, Erri De Luca, tout simplement. Lorenzo Tosa, avec sa réflexion désormais affirmée sur l’état des droits sociaux en Italie, se penche sur le projet de loi Zan (du nom de son premier signataire, le député Alessandro Zan), une loi contre l’homophobie et la transphobie qui provoque actuellement un vif débat chez les Italiens. Vincent Engel, pour sa part, ne se fait pas attendre pour sortir les griffes dans son article « Les miettes de la démocratie », réponse à la déclaration douteuse de Raphaël Enthoven à propos d’un hypothétique second tour des élections présidentielles en France entre Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen. Vous me direz : quel rapport avec l’Italie ? Eh bien lisez l’article. Toujours à propos de droits, cette fois des femmes, notre journaliste Jesper Storgaard Jensen a rencontré Michela Murgia, l’une des auteures les plus populaires en Italie, à l’occasion de la publication de son dernier livre au titre fortement évocateur « Stai zitta » (tais-toi). Pour les femmes italiennes, le chemin à parcourir en vue de l’égalité est encore long. C’est pour cela qu’elle parlent. Altro che stare zitte. Dans le même thème, vous pourrez lire l’article passionnant de Federica Ceccherini sur Alfonsina Strada. Ce nom ne vous dit sans doute pas grand-chose, et pourtant, il est lié à la détermination d’une femme qui, par passion, besoin et désir de défier les préjugés, décida de participer aux courses cyclistes réservées aux hommes, et même au Giro d’Italia. Enfin, dans ce numéro ne pouvait manquer un peu de légèreté et de plaisir. Nous attirons ainsi votre attention sur les articles de Vito Tartamella qui nous parle des surnoms et des clichés anti-Italiens. Bien sûr, ils nous font rire aujourd’hui mais il fut un temps où il n’était pas facile de supporter la dérision, le sarcasme,sinon même le racisme avec lequel étaient traités les Italiens dans le monde. Quant à Maria Giovanna Cogliandro, elle se glisse cette fois dans la peau de la maîtresse de maison et nous invite à sa table pour nous raconter, à sa manière, la cuisine italienne et ses liens avec la musique, le cinéma, la politique. Au dessert, des glaces ! Rejoignez-nous… et bon appétit !

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.