Ce numéro de RADICI est un numéro d’anniversaires. Une année 2021 si riche qu’il nous a semblé impossible de ne pas rendre hommage à des figures comme Dante (voir aussi RADICI n°113), mais aussi Giuseppe Verdi, Ettore Scola, et même, pour les passionnés de moteurs, de fêter les 100 ans de la Moto Guzzi.

En attendant, profitons du printemps tout juste arrivé, et avec lui du soleil et de la richesse de ses couleurs ! Et poursuivons notre voyage parmi les splendeurs de la Botte, où nous ne pouvions passer sous silence la reconnaissance offerte à l’île de Procida, choisie comme « Capitale italienne de la culture 2022 ». Une annonce pleine de nouveauté : c’est la première fois pour la Campanie et c’est la première fois en absolu pour une île et son petit village. Chaleur pré-estivale, fleurs luxuriantes et pittoresques mêlées à la culture et à l’inspiration littéraire, voici ce que vous trouverez dans l’itinéraire enchanteur de Pasquale Lubrano Lavadera. Un écrivain natif de Procida qui nous accompagne à la découverte d’une île dont la Graziella d’Alphonse de Lamartine est tombée amoureuse, mais aussi l’écrivaine Elsa Morante. C’est en effet ici que cette dernière a trouvé l’inspiration pour l’écriture de son célèbre roman L’île d’Arturo. S’il est vrai que la cultura non isola [titre du dossier de candidature de Procida qui joue sur le mot isola, à la fois « île » et « isole », ndr], elle peut même devenir vecteur d’union entre les êtres humains et d’ouverture pour ceux qui savent quitter la terre ferme en direction de la mer ouverte. Procida le méritait vraiment, avec ses petites maisons colorées, sa nature, sa mer et son architecture qui ont séduit de nombreux réalisateurs de cinéma. De Massimo Troisi, qui l’a choisie pour tourner Il Postino à Matt Damon et Jude Law qui y exprimèrent leur art de la comédie dans Le Talentueux Mr Ripley d’Anthony Minghella. Une belle occasion, en somme, de découvrir cet endroit merveilleux dès que vous en aurez l’occasion.

Dans la continuité de notre hommage à Dante Alighieri, nous avons cette fois voulu donner la parole à Danièle Robert, auteure de la dernière et magistrale traduction en date de la Comédie pour les éditions Actes Sud. Elle s’y est employée, avec brio et passion, à respecter en français l’intégralité de la structure que Dante avait donnée à son œuvre, la tierce rime et l’hendécasyllabe. Dans l’interview qu’elle accorde à RADICI, elle se confie avec générosité sur l’immense labeur de presque une décennie qu’a représenté la traduction des trois cantiques et éclaire sa démarche, donnant envie au lecteur de relire cet incomparable chef-d’œuvre de la poésie italienne ou même de s’en approcher pour la première fois.
Et puis, le 28 janvier 1901, il y a 120 ans, mourrait Giuseppe Verdi. Le Corriere della Sera annonçait en Une la disparition du grand compositeur : « L’un des plus grands malheurs qui pouvait s’abattre sur notre pays a eu lieu : Giuseppe Verdi est mort. » Tout est dit. Dans ce numéro, Pierre Cadars se glisse dans les pas du musicien à travers l’une de ses œuvres les plus célèbres, Aïda, dont nous célébrons également cette année le 150e anniversaire de la première représentation, qui a eu lieu au Caire le 24 décembre 1871.

S’il ne nous avait pas quitté en 2016, Ettore Scola aurait fêté, au mois de mai 2021, son 90e anniversaire. Jean A. Gili, son ami de longue date, revient avec son article Cher Ettore… sur le parcours exceptionnel de ce cinéaste hors du commun.
Il est temps de reprendre la route et rien de mieux pour cela que d’enfourcher un deux roues. Biagio Picardi nous conduit, c’est le cas de le dire, à la découverte de la mythique Moto Guzzi, l’une des marques de moteur italiennes les plus prestigieuses qui fête cette année ses 100 ans.
Mais surtout, vous trouverez dans ce numéro une parole engagée et touchante pour l’homme en souffrance. C’est le cœur de l’entretien exclusif accordé à RADICI par Gino Strada, le fondateur de l’ONG Emergency. Depuis plus de 25 ans, Gino Strada et son organisation humanitaire réalisent des structures sanitaires dans les régions du monde les plus durement frappées par les crises et les guerres. Pourtant, quand on lui demande ce dont il est le plus fier, Gino Strada répond spontanément : « Je n’ai jamais empoché cinq lires de plus que mon salaire. Voilà ma plus grande satisfaction. » Dans un monde où tout est bon pour se faire de l’argent facile, son témoignage vaut de l’or.

Maria Giovanna Cogliandro reste elle aussi au cœur de l’actualité en Italie, où fait rage le débat sur les droits bafoués, notamment concernant les femmes. Elle retrace pour nous le parcours exceptionnel d’une « mère de la république italienne » : Tina Anselmi. Il y a 45 ans, le 29 juillet 1976 précisément, quelque chose d’important dans l’histoire de l’accès aux droits et à l’égalité des chances en Italie se produit : pour la première fois, une femme, Tina Anselmi, est nommée ministre. Ces quelque 45 années de distance donnent la mesure du retard et du travail culturel qui reste à faire sur le plan des droits et de la parité.

Que ce soit une affaire de culture, Vincent Engel n’en doute pas et nous le révèle remarquablement dans son article Que la folie devienne réalité. Tout part d’une plaisanterie, et même d’un poisson d’avril particulièrement réussi. Je n’en dirai pas plus mais je vous invite à lire le texte avec attention. Entre comique et sérieux, son auteur nous convainc que chaque rêve mérite une pointe de folie.
Nous avons fait tout notre possible pour vous offrir, cette fois encore, un beau numéro. L’Italie des saveurs ou plutôt du vert en cuisine vient conclure notre menu d’exception. Et comme le temps est ensoleillé, le printemps et la nature s’éveillent et, après le froid automnal et le gel hivernal, se recouvrent de couleurs. Une large palette de légumes voit le jour et l’envie de vert nous prend. Voici les mois des fèves, des jeunes pousses, des petits pois, des artichauts et des asperges. Caterina Mazzacolin nous invite à découvrir comment les Italiens les cuisinent, non sans quelques délicieuses anecdotes.
Pour ma part il ne me reste qu’à vous souhaiter bon appétit !

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.