Partout en Italie, on assiste à une succession d’attaques contre des infirmières, des médecins et des ambulanciers. À Milan, une femme négationniste a été poursuivie par la justice pour avoir insulté et donné des coups de pied dans une ambulance.
À Turin, une ambulance est appelée en urgence pour un cas Covid, et c’est la même réaction, avec des insultes lancées au chauffeur qui fait du bruit avec sa sirène et provoque la panique dans la population. Simplement parce qu’il était en route pour aider un patient Covid.
Ce ne sont plus des cas isolés. Nous vivons dans un pays où médecins et infirmières – appelés il n’y a pas si longtemps encore « héros », « anges », « sauveurs » –, seront bientôt contraints de circuler en ambulance avec une escorte pour se défendre des négationnistes.
Au lieu de les remercier à genoux pour l’excellent travail qu’ils font pour le bien de tous, la « dame » et ces « messieurs » accusent les médecins et les infirmiers de « terrorisme ».

Ces gens ne sont pas simplement des « ignorants ». Non.
Que veut dire au fond être ignorant ? Nous sommes tous ignorants, certains davantage, d’autre moins. Cela dépend juste du thème, du contexte dont on parle.
Je crois plutôt que ces gens-là ont une peur folle de tomber malade et de mourir. Comme l’idée de la pandémie les terrifie, ils préfèrent crier à la conspiration mondiale. Imaginer un pouvoir occulte est plus rassurant que d’accepter notre fragilité humaine.
Au fond, il n’y a rien de mal à affirmer que nous avons tous peur. La peur est saine – elle nous aide à être prudents –, mais elle ne doit pas se transformer en terreur, car lorsqu’elle devient terreur, elle empêche de raisonner et, plutôt que d’être un excellent allié, elle devient un ennemi redoutable.
Voilà ce que sont les négationnistes : ils sont « terrifiés » – et aussi assez enfantins.
Le Covid contraint de nombreuses personnes à se confronter à la maladie, à la mort et aux limites imposées par la sauvegarde du bien commun. Fondamentalement, il s’agit d’un cours intensif, d’une thérapie de choc contre l’infantilisme.
Et tout le monde ne le tolère pas, tout le monde n’est pas prêt.
C’est cela le problème… car l’infantilisme et l’égoïsme existaient bien avant le Covid.

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.